Groupement de textes bilingue: La première guerre civile

Séance 1 : Le déclenchement de la guerre civile

Presque tout l’univers était pacifié, et l’empire romain était trop puissant pour être écrasé par une force étrangère. Mais la fortune, jalouse du peuple-roi, l’arma lui-même pour sa propre ruine. La rage de Marius et de Cinna avait été, à l’intérieur de Rome, le prélude et comme l’essai des guerres civiles. L’orage provoqué par Sylla avait éclaté sur une plus grande étendue, sans dépasser toutefois l’Italie. Les fureurs de César et de Pompée enveloppèrent Rome, l’Italie, les peuples, les nations, enfin toute l’étendue de l’empire comme dans une sorte de déluge ou d’embrasement. On ne saurait leur donner le nom de guerre civile, pas même celui de guerre sociale ; ce n’est cependant pas une guerre étrangère ; c’est quelque chose qui les comprend toutes, c’est même quelque chose de plus qu’une guerre.

Florus

  1. Le triumvirat

 

                Nous sommes en 60 avant J.C. Florus nous raconte comment trois généraux romains se sont partagés le pouvoir dans un accord tacite. C’est de cet accord que va naître plus tard la guerre civile.

 

La cause d’une pareille calamité fut, comme pour toutes les autres, l’excès de la prospérité. Sous le consulat de Quintus Métellus et de Lucius Afranius, alors que Rome imposait partout sa domination au monde entier et chantait sur les théâtres de Pompée les récentes victoires et les triomphes du Pont et de l’Arménie, la puissance excessive de Pompée provoqua l’ordinaire jalousie des citoyens oisifs. Métellus furieux d’avoir vu diminuer l’éclat de son triomphe de Crète, et Caton, toujours adversaire des citoyens puissants, dénigraient Pompée et critiquaient ses actes. Égaré par le ressentiment, Pompée chercha des appuis pour maintenir son crédit. Crassus brillait alors par sa naissance, ses richesses et son crédit ; il voulait cependant devenir plus puissant encore. César s’élevait grâce à son éloquence, à son courage, et aussi grâce à son consulat. Pompée, toutefois, les dépassait tous les deux. César voulait donc fonder, Crassus accroître, Pompée conserver sa puissance. Tous les trois également avides du pouvoir, ils s’entendirent facilement pour s’emparer de la république. Ils se prêtèrent mutuellement l’appui de leurs forces dans l’intérêt de leur gloire particulière, et César s’empara de la Gaule, Crassus de l’Asie, Pompée de l’Espagne. Ils disposaient de trois puissantes armées, et trois chefs possédaient ainsi en commun l’empire du monde.

 

  1. La crise

Cette domination dura loyalement pendant dix ans, parce qu’une crainte mutuelle maintenait leur union. Mais la mort de Crassus chez les Parthes et celle de Julie, fille de César, qui par les liens de son mariage avec Pompée était un gage de concorde entre le gendre et le beau-père, firent éclater soudain leur jalousie. La puissance de César inquiétait déjà Pompée, et César ne pouvait supporter l’autorité de Pompée. L’un ne voulait pas d’égal, l’autre ne voulait pas de maître, et dans leur rivalité sacrilège, ils se disputaient le premier rang, comme si la fortune d’un si grand empire ne pouvait suffire à deux hommes.

Florus

 

                Les difficultés de la conquête en Gaule avaient porté une atteinte considérable au prestige de César à Rome et, pendant son absence, les liens du triumvirat s’étaient dénoués : Julia était morte, Crassus avait péri dans une expédition contre les Parthes et, surtout, Pompée se rapprochait du Sénat et devenait l’homme fort de Rome, celui sur lequel on comptait désormais pour assurer l’ordre et la sécurité sans toucher à la constitution républicaine. L’ambition forcenée de César ne pouvait s’accommoder d’une telle situation. Il prétend alors briguer le consulat (il pouvait le faire à nouveau, dix ans après son premier consulat) en étant absent de Rome et en restant dans sa province avec son armée. Or la loi exigeait la comparution personnelle des candidats; mais César craignait, s’il rentrait seul à Rome, les attaques de ses adversaires. On enjoint néanmoins à César de licencier son armée et de quitter sa province (janvier 49); César refuse d’obéir et, franchissant le Rubicon (petite rivière au sud de la Gaule cisalpine), il envahit l’Italie.

 

  1. Le portrait de César (Extrait de Plutarque, Vie de César)

 

A Rome, son talent dans le discours brilla d’un vif éclat dans le barreau, et le mit bientôt en crédit. En même temps que son affabilité, sa politesse, l’accueil gracieux qu’il faisait à tout le monde, qualités qu’il possédait à un degré au-dessus de son âge, lui méritaient l’affection du peuple, d’un autre côté, la somptuosité de sa table et sa magnificence dans sa manière de vivre accrurent peu à peu son influence politique. Ses envieux, persuadés que, faute de pouvoir suffire à ces dépenses, il verrait s’éclipser sa puissance, firent peu d’attention aux progrès qu’elle faisait parmi le peuple. (…) Cicéron fut le premier, ce semble, à soupçonner et à craindre la douceur de sa conduite politique, comme on fait la bonace de la mer, et à reconnaître, sous ce dehors de politesse et de courtoisie, la perfidie de son caractère. « J’aperçois, disait-il, dans tous ses projets et dans toutes ses actions, une vue tyrannique ; mais, quand je regarde ses cheveux si artistement arrangés, quand je le vois se gratter la tête d’un seul doigt, je ne puis croire qu’un tel homme puisse concevoir le dessein si noir de renverser la république romaine (des Romains). » Mais il s’agit là de paroles dites longtemps après l’époque qui nous occupe.

 

Ἐν δὲ Ῥώμῃ πολλὴ μὲν ἐπὶ τῷ λόγῳ περὶ τὰς συνηγορίας αὐτοῦ χάρις ἐξέλαμπε, πολλὴ δὲ τῆς περὶ τὰς δεξιώσεις καὶ ὁμιλίας φιλοφροσύνης εὔνοια παρὰ τῶν δημοτῶν ἀπήντα, θεραπευτικοῦ παρ´ ἡλικίαν ὄντος. Ἦν δέ τις καὶ ἀπὸ δείπνων καὶ τραπέζης καὶ ὅλως τῆς περὶ τὴν δίαιταν λαμπρότητος αὐξανομένη κατὰ μικρὸν αὐτῷ δύναμις εἰς τὴν πολιτείαν. Ἣν τὸ πρῶτον οἱ φθονοῦντες οἰόμενοι ταχὺ τῶν ἀναλωμάτων ἐπιλιπόντων ἐξίτηλον ἔσεσθαι, περιεώρων ἀνθοῦσαν ἐν τοῖς πολλοῖς· ὀψὲ δ´ ᾔσθοντο, μεγάλης καὶ δυσανατρέπτου γενομένης καὶ βαδιζούσης ἄντικρυς ἐπὶ τὴν τῶν ὅλων μεταβολήν, ὡς οὐδεμίαν ἀρχὴν πράγματος 〈οὕτως〉 ἡγητέον μικράν, ἣν οὐ ταχὺ ποιεῖ μεγάλην τὸ ἐνδελεχές, ἐκ τοῦ καταφρονηθῆναι τὸ μὴ κωλυθῆναι λαβοῦσαν. Ὁ γοῦν πρῶτος ὑπιδέσθαι δοκῶν αὐτοῦ καὶ φοβηθῆναι τῆς πολιτείας ὥσπερ θαλάττης τὰ διαγελῶντα καὶ τὴν ἐν τῷ φιλανθρώπῳ καὶ ἱλαρῷ κεκρυμμένην δεινότητα τοῦ ἤθους καταμαθὼν Κικέρων ἔλεγε τοῖς ἄλλοις ἅπασιν ἐπιβουλεύμασιν αὐτοῦ καὶ πολιτεύμασι τυραννικὴν ἐνορᾶν διάνοιαν· « Ἀλλ´ ὅταν » ἔφη « τὴν κόμην οὕτω διακειμένην περιττῶς ἴδω, κἀκεῖνον ἑνὶ δακτύλῳ κνώμενον, οὔ μοι δοκεῖ πάλιν οὗτος ἅνθρωπος εἰς νοῦν ἂν ἐμβαλέσθαι τηλικοῦτον κακόν, ἀναίρεσιν τῆς Ῥωμαίων πολιτείας ». Ταῦτα μὲν οὖν ὕστερον.

Séance 2 : le passage du Rubicon, entre la légende et l’Histoire

  1. César et les légendes historiques (Suétone, César, 31-32)

 

 

[Caesar uenit cum cohortibus] ad Rubiconem flumen, qui prouinciae eius finis erat, paulum constitit, ac (…) conuersus ad proximos: ‘etiam nunc,’ inquit, ‘regredi possumus; quod si ponticulum transierimus, omnia armis agenda erunt.’

 

 

 

comme il hésitait, il reçut un signe d’en haut. quidam eximia magnitudine et forma in proximo sedens repente apparuit harundine canens.

 

Des bergers étant accourus pour l’entendre ainsi qu’une foule de soldats, […] et, parmi eux, des trompettes, cet homme prit à l’un d’entre eux son instrument, s’élança vers la rivière et, sonnant la marche avec une puissance formidable, passa sur l’autre rive. Alors César dit :  » Allons où nous appellent les signes des dieux et l’injustice de nos ennemis. Alea iacta est.  »

 

Caesar, aris, m. : César, empereur uenio, is, ire, ueni, uentum : venir cum, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que cohors, ortis, f. : la cohorte, la troupe ad, prép. + Acc. : vers, à, près de flumen, inis, n. : cours d’eau, fleuve, rivière prouincia, ae, f. : la province eius : son, sa finis, is, f. : la limite, la fin paulum, adv. : un peu consisto, is, ere, stiti : se placer, s’établir ac, conj. : et, et aussi conuersus : tourné proximus, a, um : proche etiam, adv. : encore, en plus, aussi, même, bien plus nunc, adv. : maintenant inquit, vb. inv. : dit-il, dit-elle regredior, eris, i, gressus : revenir, battre en retraite regredior, eris, i, gressus : revenir, battre en retraite possum, potes, posse, potui : pouvoir quod : parce que, le fait que ponticulum : le cours d’eau transeo, is, ire, ii, itum : passer, traverser omnis, e : tout omnia agenda erunt : tout sera à faire quidam, quaedam, quoddam/quiddam : quelqu’un eximius, a, um : sortant de l’ordinaire, remarquable, rare magnitudo, dinis, f. : grande taille forma, ae, f. : forme, beauté proximum, i, n. : le voisinage, les environs sedens : étant assis repente, adv. : soudain appareo, es, ere, ui, itum : apparaître canens : chantant harundo, inis, f. : le roseau, la flèche

2.Le point de vue de Lucain, écrivain du premier siècle avant Jésus Christ

– Quand on vint sur les bords étroits du Rubicon, le chef crut voir le fantôme gigantesque de la Patrie en émoi : brillant dans l’obscurité de la nuit, le regard affligé, elle avait répandu autour de son front couronné de tours ses cheveux blancs épars dont elle arrachait les mèches; elle se dressait, les bras nus, et disait ces mots entrecoupés de sanglots :  » Où allez-vous encore, où portez-vous mes enseignes, soldats ? Si vous marchez avec le droit pour vous, en citoyens, c’est jusque là que vous pouvez venir.  » Alors un frisson secoua les membres du chef.

Lucain, La Pharsale, I, v. 185-193

3.Le point de vue de Florus, historien du II ème siècle après Jésus Christ

Prima                                                                    harena Italia fuit, cuius arces levibus praesidis Pompeius insederat; sed omnia subito Caesaris impetu oppressa sunt. Prima Arimino signa                                                    . Tum pulsus Etruria Libo, Vmbria, Thermus. Domitius . Et peractum erat bellum sine sanguine, si Pompeium Brundisi opprimere potuisset. Et ceperat; sed ille per obsessi claustra portus nocturna fuga evasit. Turpe dictu! modo princeps patrum,                                                 moderator, per triumphatum a se mare lacera et paene inermi naves fugiebat. Nec Pompei ad Italia quam senatus ab urge fuga turpior: quam paene                                             metu Caesar ingressus consulem ipse se fecit. Aerarium quoque sanctum, quia tardius aperiebant tribuni iussit effringi, censumque et patrimonium populi Romani rapuit antequam imperium.

Florus

bellum, i, n. : guerre

bellus, a, um : joli, mignon

ciuilis, e : civil

cano, is, ere, cecini, cantum : 1. chanter, résonner, retentir 2. prédire, prophétiser 3. jouer d’un instrument de musique

pax, pacis, f. : paix

et, conj. : et. adv. aussi

uacuus, a, um : vide

 

Le premier théâtre de la guerre civile fut l’Italie. Pompée n’avait mis que de faibles garnisons dans les places fortes. Rien ne résista à l’attaque soudaine de César. Les premières trompettes sonnèrent à Ariminum. Libon fut chassé de l’Etrurie, Thermus de l’Ombrie, Domitius de Corfinium. La guerre se fût terminée sans effusion de sang, s’il avait réussi à prendre Pompée dans Brundisium. Celui-ci allait tomber en son pouvoir, lorsqu’il s’échappa la nuit en franchissant les digues qui bloquaient le port. O honte ! Le premier des sénateurs, l’arbitre de la paix et de la guerre parcourait cette mer dont il avait triomphé, monté sur un vaisseau délabré et presque désarmé, et il fuyait ! L’abandon de l’Italie par Pompée n’était pas plus déshonorant que l’abandon de Rome par le Sénat. César entre dans cette ville que la peur avait rendue presque déserte et se nomma lui-même consul. Les tribuns tardant trop à lui ouvrir le trésor sacré, il en brise les portes et s’empare de l’argent et du patrimoine de peuple romain avant de lui dérober le pouvoir. Une fois Pompée chassé et mis en fuite, il aima mieux régler les affaires des provinces que de se lancer à sa poursuite, et pour assurer son ravitaillement, il fit occuper la Sicile et la Sardaigne par ses lieutenants.

 

  1. Le point de vue du Plutarque

Arrivé sur le bord de la rivière qui sépare la Gaule cisalpine du reste de l’Italie, il suspendit sa course, frappé tout à coup des réflexions que lui inspirait l’approche du danger, et tout troublé de la grandeur et de l’audace de son entreprise : fixé longtemps à la même place, il pesa, dans un profond silence, le projet qui s’offrait à son esprit, balança tour à tour les partis contraires, et changea plusieurs fois d’avis. Il conféra longtemps avec ceux de ses amis qui l’accompagnaient, et parmi lesquels était Asinius Pollion. Il se représenta tous les maux dont le passage du Rubicon allait être le premier signal pour les hommes, et le jugement qu’on porterait de cette action dans la postérité. Enfin la passion l’emporta. Il repousse les conseils de la raison ; il se précipite aveuglément dans l’avenir, et prononce le mot qui est le prélude ordinaire des entreprises difficiles et hasardeuses : « Le dé en est jeté ! » Il traverse aussitôt la rivière, et fait une telle diligence, qu’il arrive à Ariminum avant le jour, et s’empare de la ville. La nuit qui précéda le passage du Rubicon, il eut, dit-on, un songe sinistre : il lui sembla qu’il avait avec sa mère un commerce incestueux.

 

ὡς ἦλθεν ἐπὶ τὸν διορίζοντα τὴν ἐντὸς Ἄλπεων Γαλατίαν ἀπὸ τῆς ἄλλης Ἰταλίας ποταμὸν (Ῥουβίκων καλεῖται), καὶ λογισμὸς αὐτὸν εἰσῄει, μᾶλλον ἐγγίζοντα τῷ δεινῷ καὶ περιφερόμενον τῷ μεγέθει τῶν τολμωμένων, ἔσχετο δρόμου, καὶ τὴν πορείαν ἐπιστήσας, πολλὰ μὲν αὐτὸς ἐν ἑαυτῷ διήνεγκε σιγῇ, τὴν γνώμην ἐπ´ ἀμφότερα μεταλαμβάνων, καὶ τροπὰς ἔσχεν αὐτῷ τότε 〈τὸ〉 βούλευμα πλείστας· πολλὰ δὲ καὶ τῶν φίλων τοῖς παροῦσιν, ὧν ἦν καὶ Πολλίων Ἀσίνιος, συνδιηπόρησεν, ἀναλογιζόμενος ἡλίκων κακῶν ἄρξει πᾶσιν ἀνθρώποις ἡ διάβασις, ὅσον τε λόγον αὐτῆς τοῖς αὖθις ἀπολείψουσι. Τέλος δὲ μετὰ θυμοῦ τινος ὥσπερ ἀφεὶς ἑαυτὸν ἐκ τοῦ λογισμοῦ πρὸς τὸ μέλλον, καὶ τοῦτο δὴ τὸ κοινὸν τοῖς εἰς τύχας ἐμβαίνουσιν ἀπόρους καὶ τόλμας προοίμιον ὑπειπὼν « Ἀνερρίφθω κύβος, » ὥρμησε πρὸς τὴν διάβασιν, καὶ δρόμῳ τὸ λοιπὸν ἤδη χρώμενος, εἰσέπεσε πρὸ ἡμέρας εἰς τὸ Ἀρίμινον, καὶ κατέσχε. Λέγεται δὲ τῇ προτέρᾳ νυκτὶ τῆς διαβάσεως ὄναρ ἰδεῖν ἔκθεσμον· ἐδόκει γὰρ αὐτὸς τῇ ἑαυτοῦ μητρὶ μείγνυσθαι τὴν ἄρρητον μίξιν

séance 3 : le blocus de Marseille

 

  1. Le refus marseillais

 

César veut atteindre l’armée de Pompée en Espagne. Pour cela, il doit s’assurer la coopération de Marseille (Massilia en latin).

 

Nihil hostile erat in Gallia; pacem ipse fecerat. Sed ad Hispanienses Pompei exercitus transeunti per eam duci portas claudere ausa Massilia est. Misera dum cupit pacem, belli metum in bellum incidit; sed quia tuta muris erat, vinci eam sibi iussit absenti. Graecula civitas non pro mollitia nominis et vallum rumpere et incendere machinam ausa, etiam congredi navibus; sed Brutus, cui mandatum erat bellum, victos terra marique perdomuit. Mox dedentibus esse omnia ablata praeter quam potiorem omnibus habebant libertatem.

 

nihil, ou nil : rien hostilis, e : de l’ennemi, inamical Gallia, ae, f. : la Gaule pax, pacis, f. : paix ipse, a, um : (moi, toi, lui,…) même facio, is, ere, feci, factum : faire Graecula : grec ciuitas, atis, f. : cité, état pro, prép. : + Abl. : en considération de, par rapport à mollitia, ae, f. : la mollesse nomen, inis, n. : 1. le nom, la dénomination 2. le titre 3. le renom, la célébrité (nomine = par égard pour, à cause de, sous prétexte de) uallum, i, n. : palissade, retranchement rumpo, rupi, ruptum, ere : briser, faire éclater, enfoncer ; enfreindre incendo, is, ere, cendi, censum : allumer, embraser, brûler incendo, is, ere, cendi, censum : allumer, embraser, brûler machina, ae, f. : l’engin, la machine ausa (est) : a osé etiam, adv. : encore, en plus, aussi, même, bien plus congredior, eris, i, essus sum : attaquer (+datif) nauis, is, f. : navire cui : à qui mandatus : confié bellum, i, n. : guerre uictus : vaincu terra, ae, f. : terre mare, is, n. : mer perdomo, as, are, domui, domitum : soumettre, dompter

 

 

Il n’avait pas de guerre à redouter du côté de la Gaule, car il y avait lui-même établi la paix. Mais comme il y passait pour aller combattre en Espagne les armées de Pompée, Marseille osa lui fermer ses portes. La malheureuse ! Elle désirait la paix, et la crainte de la guerre la précipita dans la guerre. Comme elle était défendue par de solides murailles, César donna l’ordre de la lui soumettre en son absence. Cette ville grecque n’avait point la mollesse que laissait supposer son nom, et ses habitants osèrent forcer les retranchements de l’ennemi, incendier ses machines, et même attaquer sa flotte. Mais Brutus chargé de cette guerre les vainquit et les dompta sur terre et sur mer. Ils se rendirent bientôt, et on leur enleva tous leurs biens, excepté celui qu’ils préféraient à tous, la liberté.

 

 

 

 

 

  1. La capitulation de Marseille

Massilienses omnibus defessi malis, rei frumentariae ad summam inopiam adducti, bis navali proelio superati, crebris eruptionibus fusi, gravi etiam pestilentia conflictati ex diutina conclusione et mutatione victus (panico enim vetere atque hordeo corrupto omnes alebantur, quod ad huiusmodi casus antiquitus paratum in publicum contulerant) deiecta turri, labefacta magna parte muri, auxiliis provinciarum et exercituum desperatis, quos in Caesaris potestatem venisse cognoverant, sese dedere sine fraude constituunt.

Les Marseillais, accablés par toute sorte de malheurs, réduits à une extrême pénurie de blé, vaincus deux fois sur mer, repoussés dans de nombreuses sorties, luttant, de plus, contre une grave épidémie causée par une longue réclusion et le changement de nourriture (car tout le monde se nourrissait de vieux millet et d’orge gâté, dont on s’était pourvu de longue date et qu’on avait entassés dans les greniers publics), […] devant la destruction d’une de leurs tours, la ruine d’une grande partie du rempart […] décidèrent de capituler loyalement.

César, Guerre civile, II, 22

 

 

Massiliensis : Marseillais omnis, e : tout defessus, a, um : fatigué, lassé malus, a, um : revers res frumentaria : le blé summus, a, um : superlatif de magnus. très grand, extrême ad, prép. + Acc. : vers, à, près de inopia, ae, f. : pauvreté, manque adductus, a, um : contracté bis, inv. : deux fois naualis, e : naval proelium, ii, n. : combat supero, as, are, aui, atum : vaincre creber, bra, brum : fréquent. pl. nombreux creber, bra, brum : fréquent. pl. nombreux eruptio, ionis, f. : la sortie brusque fundo, is, ere, fusi, fusum : étendre, répandre, disperser grauis, e : 1. lourd, pesant 2. grave, puissant, forts, grave, dur, rigoureux, pénible, accablant 3. alourdi, embarrassé, accablé etiam, adv. : encore, en plus, aussi, même, bien plus pestilentia, ae, f : une maladie conflicto, as, are, aui, atum : accabler ex, prép. : + Abl. : hors de, de diutinus, a, um : qui dure longtemps, de longue durée conclusio, onis, f : réclusion mutatio, onis, f : changement uictus, us, m. : nourriture uinco, is, ere, uici, uictum : vaincre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il n’avait pas de guerre à redouter du côté de la Gaule, car il y avait lui-même établi la paix. Mais comme il y passait pour aller combattre en Espagne les armées de Pompée, Marseille osa lui fermer ses portes. La malheureuse ! Elle désirait la paix, et la crainte de la guerre la précipita dans la guerre. Comme elle était défendue par de solides murailles, César donna l’ordre de la lui soumettre en son absence. Cette ville grecque n’avait point la mollesse que laissait supposer son nom, et ses habitants osèrent forcer les retranchements de l’ennemi, incendier ses machines, et même attaquer sa flotte. Mais Brutus chargé de cette guerre les vainquit et les dompta sur terre et sur mer. Ils se rendirent bientôt, et on leur enleva tous leurs biens, excepté celui qu’ils préféraient à tous, la liberté.

 

 

 

 

 

  1. Une anecdote rappelée par Plutarque

 

 

Il inspirait l’ affection de ses soldats et une ardeur si vives, que ceux qui, sous d’autres chefs et dans d’autres guerres, ne différaient pas des autres soldats, se précipitaient, invincibles, renversant tout devant eux, bravant tous les dangers, dès qu’il s’agissait de la défense de la réputation de César. En voici quelques exemples. Acilius, dans le combat naval donné près de Marseille, s’étant jeté sur un vaisseau ennemi, eut la main droite abattue d’un coup d’épée : il n’abandonna pas son bouclier, qu’il tenait de la main gauche ; il en frappa les ennemis au visage, les renversa tous, et se rendit maître du vaisseau.

Εὐνοίᾳ δὲ καὶ προθυμίᾳ στρατιωτῶν ἐχρήσατο τοσαύτῃ περὶ αὑτόν, ὥστε τοὺς ἑτέρων μηδὲν ἐν ταῖς ἄλλαις στρατείαις διαφέροντας ἀμάχους καὶ ἀνυποστάτους φέρεσθαι πρὸς πᾶν δεινὸν ὑπὲρ τῆς Καίσαρος δόξης. Οἷος ἦν τοῦτο μὲν Ἀκίλιος, ὃς ἐν τῇ περὶ Μασσαλίαν ναυμαχίᾳ νεὼς πολεμίας ἐπιβεβηκώς, μὲν ἀπεκόπη χεῖρα dexian μαχαίρᾳ, τῇ δ´ ἀριστερᾷ τὸν θυρεὸν οὐκ ἀφῆκεν, ἀλλὰ τύπτων εἰς τὰ πρόσωπα τοὺς πολεμίους ἀπέστρεψε πάντας καὶ τοῦ σκάφους ἐπεκράτησε·

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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