Trois témoignages variés.

« Sauvons le latin et le grec

  • « Hé Louis ! Tu viens on va boire un coup !
  • Je peux pas les gars j’ai latin… »

Cette situation souvent rencontrée dans ma carrière d’élève latiniste de la 5e à la terminale eut maintes fois le don de m’agacer. Le malheur de chaque élève, le chemin de croix vers la salle 36 du professeur de latin le vendredi à 15h alors que tous les copains étaient dehors et déjà en week end, pendant lequel on se console en se disant que ce sacrifice, peut-être stoïcien, nous permettra de nous cultiver, d’élever notre âme et notre conscience en traduisant Sénèque ou Ciceron. Et si c’était ça le chemin vers l’ataraxie ? Et si le latin n’était pas inutile ?

Il est souvent décrié :  peu d’élèves et donc trop cher, uniquement les premiers de la classe, souvent forcés à y aller par des parents adeptes du « tu verras, plus tard tu me remercieras », sachant pertinemment que l’enseignement du latin n’est pas ridicule, qu’il est peut-être une des voies vers l’excellence scolaire. Si l’on reste dans ce domaine-là, purement scolaire, je dois reconnaître qu’avec le recul, cette discipline m’a beaucoup apporté. Premièrement parce qu’elle donne, comme je l’ai dit, une certaine culture générale qui est utile dans d’autres matières, notamment en philosophie. Mais également parce qu’elle permet d’acquérir un certain style d’écriture. En effet, l’écriture latine, truffée de participes présents, déteint au bout de quelques années sur la vôtre. Et pour cause, un latiniste ne dira jamais « le latin, qui est de toute façon une langue morte, ne mérite plus d’être enseigné », mais « le latin, cette langue appartenant certes au passé, doit être enseignée. »

Parce que le latin ne se résume pas à « Habemus Papam », aux sermons papaux et à quelques bulles d’Astérix, parce que connaître l’Histoire, les anciennes civilisations, leurs philosophies et par conséquent leur langue est primordial pour comprendre le monde d’aujourd’hui, parce que le sort du latin n’est pas d’être oublié,  Mme la ministre de l’Éducation nationale, ne menez pas cette guerre contre la culture, Mme Najat Vallaud-Belkacem s’il vous plaît, ne franchissez pas le Rubicon. »

Louis, en première année de Sciences Pô.

 » J’ai fait du latin/grec pendant trois ans, j’ai adoré cette matière, qui apporte beaucoup de culture générale et aide les enfants en difficultés orthographiques. Ce serait  vraiment dommage de supprimer cette jolie langue ancienne des collèges/lycées. Elle rapporte des points pour les diplômes généraux. Je voudrais vraiment que les nouveaux collégiens et lycéens profitent des avantages de cette matière comme j’ai pu en profiter moi. »

Shana, étudiante en CAP boulangerie.

 » Outre l’apprentissage de langues anciennes, qui permet de connaître l’origine de notre langue française, le latin et le grec m’ont permis d’en savoir plus sur les civilisations anciennes, dont notre propre société découle directement.
De plus, le latin et ses déclinaisons m’ont aidé en allemand.
Par ailleurs, le grec m’a permis d’avoir mon bac français oral haut la main!  En effet, je suis tombé sur la scène de Don Juan qui rappelle la tragédie grecque. Après l’avoir expliqué,  le jury m’a demandé si par hasard je connaissais les piliers de la tragédie grecque (que je maîtrise sur le bout des doigts) et grâce au grec au collège j’ai eu la note 16/20 au baccalauréat, pourtant en série scientifique. »

Laure, étudiante en première année de médecine.

(un grand merci à Cécile Diener pour ces trois premiers témoignages d’anciens élèves).