Langues anciennes en action: présentation de la méthode audio-orale (à partir de la 5e)

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I. Le contexte de la mise en place de l’emploi actif du latin en classe de cinquième

Nous notons chez les cinquièmes des difficultés importantes en grammaire qui risquent d’entraîner un décrochage et un certain dégoût envers le travail sur le texte, si celui-ci se limite à de la traduction même « caviardée ». Les élèves ont besoin de comprendre la grammaire, et ne pas traiter ces difficultés n’est pas une solution. Il fallait trouver une voie moyenne entre le travail frontal sur le texte, poussant systématiquement vers la traduction, et l’abandon d’un travail raisonné sur la langue.

II. Les apports de la méthode Fiévet et sa nécessaire adaptation

La Méthode Fiévet est une méthode d’enseignement de la langue latine pratiquée à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, basée sur la compréhension de textes d’enseignants, lus en TD, relus, paraphrasés à l’aide de connaissances antérieures. L’objectif est de jouer avec les structures grammaticales et lexicales pour faire du latin une langue au fonctionnement que l’on intègre en l’employant de manière active. Pour prendre un exemple simple, l’expression de la volonté sera d’abord abordée de manière simple et semblable au français dans sa structure (Volo linguam latinam discere), puis articulée avec un idiomatisme latin (Te iubeo linguam latinam discere), puis mise en concurrence avec d’autres structures rendant compte de la diversité de la langue (ut et le subjonctif, les gérondifs et adjectifs verbaux). C’est une méthode efficace : découvrir y est avant tout redécouvrir et réemployer.

Une adaptation est nécessaire : la méthode audio-orale s’applique à des textes écrits par le professeur, pour les deux tiers du programme, or les programmes du secondaire mettent au cœur des apprentissages la lecture de textes orignaux, qu’il faut articuler avec des découvertes culturelles sur un horaire finalement très réduit. Enfin, il faut s’adapter à des collégiens, qui n’ont pas le niveau ni la maturité d’étudiants capables de travailler la langue une heure durant, écoutant les différentes structures, se posant eux-mêmes les bonnes questions.

III. L’adaptation de la méthode Fiévet dans le cadre du collège

Toutes les activités présentées dans ce point ont été réalisées en classe avec des élèves et ont atteint leurs objectifs.

A. Le jeu grammatical

La méthode audio-orale permet de mettre en scène des jeux grammaticaux, fondés sur le principe de la répétition et de la variation. Elle permet de jouer avec la situation d’énonciation d’un professeur s’adressant avec ses élèves, et, ce faisant, leur fait découvrir les flexions de genre et de nombre (le tout au nominatif), les démonstratifs et les pronoms, le verbe « être » à toutes les formes. Le jeu est fondé sur l’imitation d’une présentation simple (je suis… tu es…) puis vers une présentation mélangeant les genres et les nombres (ils sont… vous êtes…. Elle est…)

Cet exercice, se déroulant sur plusieurs séances, permet de fixer le verbe « être », les nominatifs usuels de première et deuxième déclinaisons et les démonstratifs, dont l’emploi déictique est plus important que les pronoms personnels dans les textes originaux. Il permet aussi de placer des accents toniques, de faire résonner un peu de latin dans la salle de classe !

Exemple 1 : I, 1

Première séquence

La famille romaine d’un citoyen

Séance 1 : le citoyen romain

  1. Exercice oral : se présenter en latin

Vous allez apprendre à vous présenter en latin et à présenter vos camarades. Pour cela, vous allez utiliser le verbe « être ». Le pronom personnel n’est utilisé que pour insister sur la personne, et n’est pas obligatoire

Ego sum

Tu es

Ille/illa est

Nos sumus

Vos estis

Illi/illae sunt

Le sujet d’un verbe d’état et son complément (appelé attribut du sujet) sont marqués par un cas : le nominatif.

singulier pluriel
masculin discipulus discipuli
féminin discipula discipulae

  1. La famille d’un citoyen romain

Lire les noms.

-Toutes les lettres se prononcent

-V/u ; s ; g ; e ; c

  1. Quis est medicus ocularius ?
  2. Quid est nomen medici ocularii ?
  3. Quid est praenomen medici ocularii ?
  4. Quid est cognomen medici ocularii ?
  5. Quae est uxor medici ocularii ?
  6. Quae sunt nomen et cognomen uxoris medici ocularii ?
  7. Quae est uxor filii ?
  8. Quis est pater familias ?

Séance 1 : la famille d’un citoyen romain

Voir page 45 : imago d’un noble. Une imago est la représentation des glorieux ancêtres d’un père de famille noble (une « gens » noble)

Un Romain a un nom (Nomen), un prénom (praenomen), et un surnom (cognomen). Afin de gagner de la place, les prénoms romains étaient souvent abrégés en une, deux ou trois lettres. Voici la liste de ces dix-huit prénoms :

A : AulusAp ou App : AppiusC : Caius

Cn : Cnaius

K : Kaeso

D : Decimus

 

M : MarcusM’ : ManiusN : Numerius

P : Publius

Q ou Qu : Quintus

S ou Sex : Sextus

Sp : SpuriusT : TitusTi ou Tib : Tiberius

L :Lucius

Mam : Mamercus

Ser : Servius

Lexique de la famille

Vir, uiri, m. : homme, mari.
femina, ae, f. : femme
dies, ei, m. et f. : jour
uxor, oris, f. : épouse, femme
filius, ii, m. : fils
soror, oris, f. : sœurPater familias :le père de famille
frater, tris, m. : frère
morior, eris, i, mortuus sum : mourir
Viuo, is, ere, uixi, uictum : vivre
mater, tris, f. : mère
pater, tris, m. : pèremulier, is, f. : épouseGens, gentis, f : la famille

Exemple 2 : I, 4

Séance 4 : La domus, lieu de vie de la famille romaine

    1. Le plan d’une domus romaine

    1. L’atrium d’une riche demeure

Apulée, Métamorphoses, II, 4

IV. Un vestibule de la dernière magnificence nous offre aux quatre coins une colonne, surmontée d’un globe qui porte une Victoire élevant des palmes. (2) Ces figures s’élancent à ailes déployées, chacune vers un point de l’horizon. Du bout de leurs pieds, d’où s’échappent des gouttes de rosée, elles repoussent, par un mouvement précipité, le point d’appui, qui se dérobe en tournant sans se déplacer. Le pied n’y pose plus, mais il l’effleure encore; et l’illusion va jusqu’à vous faire voir ces statues en plein vol. (3) Une Diane en marbre de Paros, du travail le plus exquis, occupe le point central de l’édifice. La déesse marche, et, dans son action animée, ses draperies flottent, son buste se projette en avant; elle semble venir à votre rencontre, et le respect vous saisit à la majesté divine qui l’environne. (4) Plusieurs chiens l’escortent de droite et de gauche. Ces animaux sont aussi de marbre. Leurs yeux menacent, leurs oreilles se dressent, leurs naseaux s’enflent, ils montrent leurs dents terribles. Si, du voisinage, un aboiement se faisait entendre, chacun croirait qu’il sort de ces gosiers de pierre. (5) L’habile statuaire a fait ici un véritable tour de force. Les chiens sont en élan, et toute leur partie antérieure semble porter en l’air, tandis qu’elle repose en effet sur les pieds de derrière qui n’ont pas quitté le sol. (6) En arrière de ce groupe s’élève une grotte tapissée de mousse, de gazon, de lianes grimpantes et de pampre, entremêlés çà et là de ces arbustes qui se plaisent sur les rochers. (7) Tout l’intérieur de la grotte est éclairé par le reflet du marbre, dont rien n’égale la blancheur et le poli. Au dehors et sur les flancs pendent des raisins et d’autres fruits, que l’art, émule de la nature, a exprimés avec une vérité parfaite. (8) C’est à croire qu’ils attendent seulement, pour être cueillis et mangés, que la coloration leur soit venue du souffle mûrissant du vent d’automne. (9) Penchez-vous, et voyez-les se réfléchir dans le miroir de ces fontaines qui jaillissent en divers sens des pieds de la statue; ils tremblent dans cette onde agitée comme aux rameaux de la vigne elle-même, et à l’imitation déjà si parfaite se joint le prestige du mouvement. (10) Au travers du feuillage, on voit se dessiner la figure d’Actéon, déjà cerf à moitié. Il jette, en tournant la tête, un regard furtif sur la déesse, et guette l’instant où elle va se mettre au bain.

    1. Quid est …. ?

Locus ubi dormitur ?

Locus ubi flores sunt ?

Locus ubi aqua est ?

Locus ubi ambulatur ?

Locus ubi dei uidentur ?

Locus ubi comeditur ?

Locus ubi sunt cibi ?

  1. Quid uides ?

  1. Ubi… ?

Ubi dormitur ?

Ubi flores sunt ?

Ubi aqua est ?

Ubi ambulatur ?

Ubi dei uidentur ?

Ubi comeditur ?

Ubi sunt cibi ?

ambulo, a, are : se promener, aller, marcher

aqua, ae, f. : eau

cibus, i, m. : nourriture, repas, sève

comedo, is, ere, edi, esum : manger

deus, i, m. : le dieu

dormio, is, ire, iui, itum : dormir, ne rien faire

floreo, es, ere, ui : 1. fleurir, être en fleur 2. être fleuri de, garni de

flos, oris, m. : fleur

locus, i, m. : lieu, endroit; place, rang; situation. Le pluriel est neutre, sauf au sens des lieux communs (loci)

precor, aris, atus sum : prier, supplier

quid, inv. : pourquoi ? après si, nisi, ne, num, aliquid devient quid

quis, quae, quid : qui ? quoi ? après si, nisi, ne, num, quis est l’équivalent de aliquis (quelqu’un, quelque chose).

sum, es, esse, fui : être ; en tête de phrase : il y a

ubi, adv. interr. ou rel. : où, où ?; conj. quand

uideo, es, ere, uidi, uisum : voir (uideor, eris, eri, uisus sum : paraître, sembler)

B. L’analyse d’une image

Elle a trois composantes, permettant de varier les activités sur une heure :

1-lecture de textes originaux, traduits ou à traduire, à commenter.

2-Découverte d’un tableau classique ou d’un plan, en relation avec le texte ainsi que d’un vocabulaire choisi (en particulier pour éviter des déclinaisons qui n’ont pas été vues) qui permettra la description.

3-« Négociation » des phrases en français permettant de décrire l’image, évitant les phrases trop compliquées.

4-Traductions par groupe en latin.

Exemple 3 : II, 2

Séance 2 : L’enlèvement de Perséphone

  1. Perséphone et Hadès (d’après Hygin)

Pluton petit ab Iove Proserpinam filiam eius et Cereris (…). Iovis iubet eum rapere eam (…) in monte Aetna, qui est in Sicilia. In quo dum flores Proserpina cum Venere et Diana et Minerva legit, Pluton quadrigis venit et eam rapuit; quod postea Ceres ab Iove impetravit, ut dimidia parte anni apud se, dimidia apud Plutonem esset.

Ceres, eris, f. : Cérès

Diana, ae, f. : Diane

Iuppiter, Iouis, m. : Jupiter

Minerua, ae, f. : Minerve

Proserpina, ae, f. : Proserpine

Sicilia, ae, f. : Sicile

Venus, neris, f. : Vénus

ab, prép. : + Abl. : à partir de

annus, i, m. : année

apud, prép+acc : près de, chez

cum, inv. :1. Préposition + abl. = avec

dimidio, as, are : diviser en deux

dimidius, a, um : demi

dum, conj. : 1. + ind. = pendant que, jusqu’à ce que

eo, is, ire, iui, itum : aller

et, conj. : et. adv. aussi

filia, ae, f. : fille

flos, oris, m. : fleur

impetro, as, are : obtenirin, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre

is, ea, id : ce, cette ; celui-ci, celle-ci

iubeo, es, ere, iussi, iussum : 1. inviter à, engager à 2. ordonner

lego, is, ere, legi, lectum : cueillir, choisir, lire

mons, montis, m. : montagne

pario, is, ere, peperi, partum : accoucher, produire, acquérir

pars, partis, f. : partie, côté

peto, is, ere, iui, itum : 1. chercher à atteindre, attaquer, 2. chercher à obtenir, rechercher, briguer, demander

postea, adv. : ensuite

quadriga, ae, f. : (plutôt au pl.) quadrige, attelage à 4 chevaux

rapio, is, ere, rapui, raptum : 1. emporter 2. ravir, voler, piller 3. se saisir vivement de

se, pron. réfl. : se, soi

uenio, is, ire, ueni, uentum : venir

uenus, eris, f. : le charme, l’attrait

ut, conj. : de sorte que

  1. Décrire le tableau de Nicolas Mignard, « l’enlèvement de Perséphone » 1651
caelum, i, n. : ciel, climatcaeruleus, a, um : bleu

corona, ae, f. : la couronne

horresco, is ere, horrui, – : se hérisser, être pris de frissons

induo, is, ere, indui, indutum : revêtir

pugna, ae, f. : la bataille, le combat, le pugilat

pugno, as, are : combattre

rapio, is, ere, rapui, raptum : 1. emporter 2. ravir, voler, piller 3. se saisir vivement de

specto, as, are : regarder

toga, ae, f. : toge

Venus, eris, f. : Vénus

Prosperpina, ae, f : Proserpine (Perséphone)

Pluto, onis, m : Pluton

Ceres :Cérès

Quadrigae, arum, f :char

Pugno, as, are : lutter

Resisto, is,ere : résister

 

Exemple 2 : la journée d’un citoyen

CAPITOLIUM

FORUM

PALATIUM

AVENTINUM

L’ablatif

Ubi sunt Marcus et Flavia ? [voir document]

>> CCL, à ablatif, ici précédé de préposition in (dans)

sing : -o ou -a ; pluriel : -is

* le site de Rome

Marcus est in Capitolio.

Marcus est in Palatio.

Flavia est in Aventino.

* le forum

Marcus est in Curia.

Marcus est in templo.

Flavia est in tabulario.

Flavia est in basilica.

Flavia est in templo.

Marcus et Flavia sunt in templis.

Les terminaisons de l’ablatif sont :

Sing pl.
masc/neutre

templo

templis

fém

basilica

basilicis

C. Les projets d’expression : l’exemple de PETITUR

-L’objectif est d’articuler un objet culturel, des travaux numériques et un travail sur des phrases simples en latin.

-Le projet « Petitur » (« wanted ! ») a été fait par nos cinquièmes cette année en deux semaines (il reste quelques rares fautes sur les documents !). La description du modus operandi ainsi que les travaux des élèves sont en ligne sur notre site JUPITER : http://blogpeda.ac-bordeaux.fr/languesancienneslatresne/ . L’objectif est de créer une affiche du type « wanted » (comme dans un western), mais le criminel devait être un criminel mythologique et il fallait utiliser la langue latine.

©Germain Teilletche

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